Grande Templo maçônico na França. |
Torre Eiffel - Paris FRANÇA |
Causes et conséquences de l'antimaçonnerie
Deuxième partie
Juste avant, à la fin de 1904 explose l’affaire des fiches. Cette affaire peut se résumer brièvement comme suit. Dès les années 1890, les jésuites ont pris en main l’enseignement des officiers et leur insufflent des idées conservatrices et pro catholiques. Désireux de « républicaniser » l'armée en la laïcisant (à l’époque la majorité des officiers et officiers supérieurs étaient aristocrates et catholiques pratiquants), le Ministre de la Guerre, le général André fait appel aux loges maçonniques du Grand Orient pour établir au total 25 000 fiches sur les opinions politiques et religieuses des officiers. Les fiches sont d'abord centralisées au secrétariat de la rue Cadet avant d’être envoyées au cabinet du ministre. Pris de scrupules devant l’énormité de la chose, le secrétaire adjoint du Grand Orient entre en relation avec un député et lui vend quelques exemples de fiches. Devant l’Assemblée Nationale, celui-ci interpelle le Gouvernement qui nie être au courant de la chose.
Quoi qu’il en soit, le scandale éclate au grand jour. Le Conseil des Ministres est forcé de démissionner. Une équipe radicale est mise en place et la laïcisation de l’administration se poursuit en même temps que des lois nouvelles sur la protection des informations sont votées. Par contre l’armée est fragilisée et démoralisée.
Le colonel Pétain, directeur de l'école de Saint-Cyr, connu à l'époque pour son athéisme et ses sympathies républicaines et dreyfusardes, avait été abordé pour collaborer au fichage de ses subordonnés et étudiants, et peut-être aussi pour intégrer la loge Alsace-Lorraine, la loge de prestige, d'ailleurs très modérée, du Grand Orient. Son refus brutal et assez méprisant avait été sanctionné par une fiche transmise par l’obédience au ministère de la guerre. Désormais Pétain reprochera durablement la stagnation de sa carrière à la maçonnerie, qu'il considère comme une association néfaste de lobbyistes fanatiques et douteux. Alors qu’en réalité son avancement était retardé par le fait qu’il n’avait jamais servi dans les colonies.
La France est bouleversée par l’affaire et le sentiment antimaçonnique s’accroît d’autant plus qu’il est poussé par l’Action Française qui proclame publiquement sa haine des francs-maçons, des juifs et des protestants, ainsi que par un personnage comme Monseigneur Jouin, curé de Saint-Augustin qui fait paraître entre 1912 et 1939 la Revue Internationale des Sociétés Secrètes dans laquelle il révèle dans les moindres détails les événements maçonniques et l’appartenance maçonnique de beaucoup de français.
En 1914, Augustin Cochin, un historien et sociologue conservateur reprend la théorie de l’abbé Barruel mais en la basant sur une analyse factuelle des origines de la révolution et non plus sur la thèse du complot. Sa mort prématurée pendant le conflit l’empêche de développer plus avant cette vue mais sa famille se charge de diffuser ses écrits et sa pensée dès la fin de la guerre.
La franc-maçonnerie française, pacifiste, reste discrète pendant la première guerre mondiale. Elle se réunit à deux reprises avec les obédiences des puissances neutres pour lancer les bases d’une future Société des Nations (devenue en 1945 l’ONU). Dès le début du conflit, le Général Joffre, Frère du Grand Orient, écarte des postes importants de l'armée et du front les officiers qu’il considère comme réactionnaires et cléricaux – généralement issus de familles traditionalistes – pour les envoyer à Limoges, d’où le terme « limoger »…
La période entre deux guerres voit l’accession au pouvoir de régimes totalitaires et de dictateurs à travers le monde1. Ceux-ci ne supportent pas la maçonnerie qui met en avant la réflexion personnelle, l’ouverture, la tolérance, la fraternité et la paix. De plus le secret juré dès l’initiation leur est intolérable. A travers une propagande bien organisée, cette aversion est transmise aux populations.
A partir de 1928 Henri Coston attise le sentiment anti-maçonnique entretenu par Mgr Jouin en publiant une revue dans laquelle il attaque pêle-mêle les juifs, les communistes et les francs-maçons. Certains ex-maçons comme Jean Marquès-Rivière le soutiennent dès le début des années 1930 en accusant les francs-maçons d’être les suppôts du parti communiste. De Bucarest, Mircéa Eliade, un historien des religions célèbre fustige les francs-maçons en les jugeant aussi monovalents et abstraits que les communistes. Un autre anti-maçon tout aussi virulent, Bernard Faÿ, professeur au Collège de France et administrateur général de la Bibliothèque Nationale, entre dans la danse en reprenant les attaques de Barruel, accusant les francs-maçons d’hypocrisie et les traitants de propagateurs d’idéologies dévastatrices pour la prospérité du pays.
En 1934, sous la présidence de Camille Chautemps2, connu comme franc-maçon, l’affaire Stavisky implique certains milieux affairistes maçonniques et politiques, ce qui sert de tremplin à la droite pour clamer haut et fort que le complot maçonnique compromet la république. Le 6 février 1934, une importante manifestation mêlant la droite et l’extrême droite assiège l’Assemblée Nationale et réclame la fin du parlementarisme et l’interdiction de la franc-maçonnerie. Elle est réprimée dans le sang et du coup le vieux mythe du complot judéo-maçonnique est remis d’actualité…
Comme cela a été le cas en Italie, en Espagne, au Portugal et en Hongrie lors de la prise de pouvoir par un dictateur, la franc-maçonnerie est interdit en Allemagne dès l’arrivée d’Hitler au gouvernement et les francs-maçons sont poursuivis. En France, il n’en est rien pour les quelques 60 ou 65 000 maçons jusqu’à l’armistice de juin 40. Toutefois dès le début des hostilités, la maçonnerie est montrée du doigt par les conservateurs comme étant la cause de la guerre et, paradoxalement, en même temps de la défaite…
En prenant le pouvoir, le Maréchal Pétain fait de la lutte anti-maçonnique une priorité car il les accuse de tous les malheurs de la France. Ainsi, deux mois après l’instauration du régime de Vichy, la franc-maçonnerie est dissoute par la loi du 13 août et interdite par le décret du 19 août 1940.
1 - Salazar au Portugal, Franco en Espagne, le Régent Horty en Hongrie, Mussolini en Italie, Staline en URSS, au Japon, en Turquie, en Amérique du Sud, etc.
2 - Président du Conseil des Ministres (actuellement Premier Ministre)
Première partie
Il faut revenir plus de 200 ans en arrière pour découvrir la naissance de l’anti-maçonnerie.
Un an après la déclaration de Louis XV disant, par l’intermédiaire de son Ministre Fleury, que les « frimassons déplaisent au roi », le pape Clément XII fulmine une bulle en décembre 1738 condamnant la franc-maçonnerie en général. Cette bulle peut être suspectée de nullité car elle n’a jamais été signée de la main du pape qui était grabataire et aveugle. En France, le Parlement ne l’avait pas entérinée, ce qui fait qu’elle n’y était pas applicable. Ceci explique que la franc-maçonnerie s’y installe et s’y développe rapidement.
De la fin du 18e siècle à la fin du 19e siècle, deux obédiences occupent le terrain en France : un certain nombre de Loges groupées sous le vocable de Grande Loge de France à partir des années 1740-50, dont la plupart des loges rejoignent le Grand Orient de France créé en 1773. Ce qui reste de la Grande Loge de France s’agrège dès 1804 au Suprême Conseil de France pour le Rite Ecossais Ancien et Accepté qui groupe sous son autorité les loges bleues et les hauts grades jusqu’en 1894.
Au moment de la révolution, les francs-maçons sont connus et reconnus. La grande majorité d’entre eux appartient à la grande noblesse. Ils ont juré fidélité au gouvernement de leur pays et sont sincèrement attachés au pouvoir royal. D’ailleurs Louis XVI et ses deux frères, les futurs Louis XVIII et Charles X, avaient été initiés à la loge Militaire des Trois Frères Unis à l’Orient de la Cour à Versailles et Philippe d’Orléans, cousin et adversaire du roi, était le Grand Maître du Grand Orient. Ce qui explique qu’en 1789 la plupart des maçons ont émigré.
Dès 1791, l’abbé Lefranc, imagine que la franc-maçonnerie – en raison de son idéal de liberté de pensée – a comploté contre la monarchie. Il publie deux livres sur le sujet qui ont un retentissement au-delà des frontières mais son assassinat au cours des massacres de septembre 1792 met fin à ses attaques. Sa théorie est aussitôt reprise par Galart de Montjoie et Cadet de Gassicourt. De son côté, le jésuite Augustin Barruel qui s’est réfugié en Angleterre développe la même idée. De Londres il fustige les maçons français, les accusant de déviance politique et de propagation d’idées de libertés et d’égalité. En 1797 Barruel réussit à retourner les maçons prussiens qui, bien que protestants, s’allient à l’église de Rome qui avait définitivement condamné la franc-maçonnerie en 1738. Depuis cette date elle puise les plus ardents opposants aux maçons parmi les dominicains et les jésuites.
Napoléon voit dans la franc-maçonnerie un bon soutien à son pouvoir et il y place ses frères et son excellent mentor Cambacérès. Tant bien que mal, la maçonnerie se reconstitue au début du 19e siècle et prospère ou végète au gré des multiples changements de régime. Dès 1860 elle s’implique de plus en plus activement dans les bouillonnements sociaux de la seconde moitié du siècle. Surveillé étroitement sous le Second Empire, le Grand Orient finit par privilégier totalement le politique, le social et l’anti-clérical au détriment des règles et anciens landmarks.
En 1873 un amalgame sulfureux naît d’un anathème du pape Pie IX qui traite la franc-maçonnerie de « synagogue de Satan ». Ces propos exacerbent une confusion qui durera trois quart de siècle : le complot judéo-maçonnique.
En 1877, sous prétexte que le président de la république, le Maréchal Mac-Mahon, catholique conservateur, a fait fermer 20 de ses loges, le Grand Orient se laïcise radicalement en abandonnant les anciens Landmarks, le GADLU et la bible ouverte en loge. De ce fait, la Grande Loge Unie d’Angleterre rompt définitivement ses relations avec lui.
La lutte pour la laïcité de l’Etat s’accentue au cours des dernières années du siècle et le Grand Orient est en première ligne dans la lutte contre l’église et la congrégation des jésuites qui ont quasiment le monopole de l’enseignement en France. Puis, à partir de 1885, un falsificateur mythomane nommé Léo Taxil fait des pseudos révélations contre les francs maçons, les accusant de satanisme. Il est soutenu par l’église qu’il avait combattue quelques années auparavant. Mais en 1897 il est forcé d’avouer que toute l’affaire n’est qu’un gigantesque canular.
L’affaire Dreyfus éclate en 1894. Comme certains francs-maçons ont pris ouvertement parti pour l’officier contre les éléments conservateurs de l’armée, cela entretient cette idée des maçons pro-juifs et responsables des malheurs de la république. De ce fait, dans une France profondément antisémite, s’impose la confusion entre les juifs, les protestants et les francs-maçons. En Allemagne, un prêcheur pousse même l’amalgame au ridicule en affirmant que les juifs responsables de la mort de Jésus étaient francs-maçons !
Dans les dernières années du 19e siècle un faux célèbre consacre cette assimilation : le Protocole des Sages de Sion. Ce document, soi-disant rédigé à la suite d’un congrès sioniste à Bâle révèle que la franc-maçonnerie est infiltrée par les juifs et, de ce fait, qu’elle sert la cause des juifs dans la conquête du monde. Certains l’ont tout de suite considéré comme un faux alors que le Times de Londres le certifie authentique encore en 1920. Ce n’est que vers la fin du 20e siècle que la preuve est établie par les recoupements dans les archives russes. En fait, ce faux était destiné à déstabiliser l’état Russe et accélérer la chute du Tsar qui voulait abroger les lois anti-juives.
La lutte entre le Grand Orient et l’église atteint son comble en 1905 avec le vote de la loi de séparation des églises et de l’état, dont le principal artisan est le Grand Orient. Du haut de leur chaire, les prêtres de France fustigent tous les maçons sans distinction et les accusent de tous les maux de la terre. Les dominicains publient dans La Croix des listes de francs-maçons. Ces accusations resteront gravées dans la mémoire commune. Sur les murs, les affiches dénonçant ou attaquant les francs-maçons fleurissent jusqu’à la déclaration de guerre.
Fonte:
LA GRANDE LOGE DE FRANCE
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